Il y a des photographes qu’on admire pour leur technicité et la beauté visuelle qu’ils arrivent à créer, et d’autres qui nous touchent pour ce qu’ils voient et le regard qu’ils portent sur certaines choses qu’on laisse passer dans notre quotidien.
Skander Khlif est un mix des deux.
Je suis tombé sur son travail un peu par hasard, et je n’ai pas cessé d’admirer son travail depuis.
Il a ce talent rare de figer des instants du quotidien, tout en prenant le temps d’en composer une image bluffante.
Ses images ne sont pas encombrantes. Elles observent, avec beaucoup de fragilité et discrétion. Et c’est justement ce qui les rend si puissantes.
Aujourd’hui, je vous raconte pourquoi ce photographe m’inspire, et je vous expose ces meilleures créations.


Qui est Skander Khlif ?
Skander Khlif est un photographe tunisien basé à Munich.
Autodidacte, il commence la photo à Tunis, dans les rues, les bus, les plages, avant de poursuivre son exploration urbaine en Allemagne, au Japon, ou encore à Naples.
Son terrain de jeu, c’est l’espace public, et son regard s’attarde sur ce qu’on ne voit pas toujours : les non-dits, les regards flous, les gestes anodins.
Il se décrit comme un “visual storyteller” — et c’est exactement ce qu’il fait : il raconte à travers l’image, en toute subtilité. Il compose avec ce que le monde lui offre, dans des instants qu’il choisit d’immortaliser.
Son travail a été publié dans National Geographic, Leica Fotografie International, ou encore Vogue Italia, mais il garde une démarche profondément personnelle.
Sélection : ses séries qui m’ont coupé le souffle
Skander a pris beaucoup de belles photos autour du monde. Toutes ses prises sont vraiment plus impressionnantes les une que les autres.
Mais pour moi, celles qui m’ont le plus touchées et marquées, sont celles qu’il a capturées en Tunisie.
Vous diriez peut-être que je suis quelque part biaisé, mais moi je trouve ça prévisible. Après tout, je suis là pour vous partager ce qui m’a attiré le regard. Je ne suis pas là pour faire une critique professionnelle du photographe.
Sans trop tarder, voici mon top 3 des séries photos de Skander, qui apportent une dimension féérique à des moments qu’on peut croiser dans notre quotidien en Tunisie :
Mahdia, Dolce far niente
Mahdia est une très belle ville en Tunisie que j’ai eu la chance d’explorer il y a quelques semaines.
Ce qui m’a vraiment marqué dans cette ville (tout comme dans d’autres villes en Tunisie d’ailleurs), c’est vraiment toute la modestie et la joie de vivre qui l’animent.
Mahdia est une petite presqu’île, délimitée par des plages d’eau turquoise. Et toute la vie qui y règne, est d’une simplicité brutale.
Skander a su capturer cette simplicité, en mettant en avant ce sentiment de nostalige que la ville provoque. C’est comme si Mahdia avait ce pouvoir de nous ramener à nos sources, et à l’essentiel du bonheur qu’on aspire à chercher : l’amour, la simplicité, et la beauté du moment présent.






The Tree of Life
Dans cette série, Skander part à la rencontre de Aam El Ayechi, qui lui fait découvrir son spot sacré, en dessous du plus grand olivier de la Tunisie : Om Ezitouna (« mère des oliviers »).
Il raconte comment il a pu assister et participer à la bataille de Bizerte de juillet 1961, durant laquelle les autorités Tunisiennes ont imposé un bloquage à la base navale Française pour forcer son évacuation.
Tous les déscendants de Am El Ayechi sont nés ici, à proximité de cet immense olivier. Leurs vies sont profondément enracinées avec les troncs de cet arbre.
Skander a décidé de capturer le quotidien de ce grand-père qui, chaque matin, emmène son petit fils à son endroit sacré pour revivre les souvenirs qu’il a pu créer au fil des années, et méditer sous l’ombre des feuilles d’Om Ezitouna. Un rituel qui symbolise jusqu’à aujourd’hui beaucoup de chose pour Am El Ayechi et sa famille.






Ce qui m’inspire chez Skander Khlif
Mis à part son impressionnante maîtrise de la technicité et de la composition, ce qui m’inspire chez Skander c’est son agilité et sa capacité à envoûter les détails du quotidien.
Ce qui attire mon attention chez des photographes parfois, c’est aussi les scènes sur lesquelles ils choisissent de poser leur regard.
Et au-delà de ce choix, il y cette capacité à en créer une image puissante et qui hypnotise l’esprit de ceux qui la regardent.
Skander Khlif révèle qu’il s’inspire de plusieurs photographes pour forger son style, notamment des légendes comme Elliott Erwitt et Vivian Maier. Et je vois très bien comment ces deux icones ont pu l’influencer.
Mais à mon avis, je trouve qu’il a su apporter sa pierre à l’édifice. à travers l’évolution de son travail, on remarque qu’il a su se créer une identité propre à lui.
Et ça, ce n’est pas du tout évident. C’est d’ailleurs pour ça que je l’admire.
Je vous encourage vivement à aller découvrir tout son portfolio, ainsi qu’à le suivre sur instagram.
J’espère que j’ai pu vous transmettre mon inspiration, et je vous souhaites à toutes et tous d’atteindre cette maîtrise de l’art, aux frontières de la perfection visuelle.